
Découvrez le n°313 de Marginales
É-pui-sés!?
Si la vie a toujours quelque chose d’un combat, nos blessures contemporaines ont souvent pris la forme de l’épuisement. Burnout professionnel, fatigue parentale, effondrement psychologique, éco-anxiété, retrait informationnel, désintérêt politique, épuisement du souffle démocratique… Dans un paysage où la nature elle-même voit ses ressources siphonnées sans limite, nous nous éreintons sur le tapis roulant d’une course sans fin promettant le succès au plus productif, au plus performant, au plus informé, au plus adaptable, au plus résilient. Le portrait du vainqueur fantasmé est un puzzle composé de selfies innombrables autant qu’éphémères: des images personnifiant jeunesse, luxe, célébrité, paysages de rêve; réussite professionnelle, parentale, sexuelle, amoureuse; avec pour légende des appels à la réinvention de soi et des avis tranchés sur la marche du monde.
Au bord de la route, l’équipe de secours du développement personnel propose aux coureurs de fabriquer leurs propres sparadraps. Mais qui nous oblige à courir? Sommes-nous victimes, ou parfois complices? Pouvons-nous prendre des chemins de traverse? Où retrouver des énergies? Comment rester en lien avec le monde, ses images, ses réseaux, sans s’effondrer ni devenir insensible? Et puis d’abord, qui a tiré le départ? Qui a intérêt à nous faire courir ainsi derrière nous-mêmes, quitte à nous épuiser?
ÉDITOS
Et si on soufflait une bonne fois?
“Un jeune parent sur cinq en détresse. Charge mentale, manque de sommeil, la parentalité use jusqu’à l’épuisement.” La manchette du Soir du 17 avril, rapportant le dernier baromètre Partenamut, n’est que l’ultime épisode de cet état de fait qui s’impose de plus en plus dans la société européenne: nous sommes à bout de souffle.
La Vie insupportable
La vie insupportable, comme une cagoule qui gratte, un robinet qui fuit, une alarme qui n’en finit pas de sonner. La vie un casting de trop, un énième date, un rêve vendu par un vendeur qui a des insomnies. La vie couché, ni vivant ni mort, la vie comme l’œil fermé des façades des villes, la vie une prière contre le licenciement économique.











