
Putaclic ou foules sentimentales?
Contributions

Sommes-nous vraiment les membres sensibles de ces « foules sentimentales » assoiffées d’idéal que chante Souchon ? C’est si doux d’y croire : vous et moi, pleins d’empathie pour les malheurs du monde, prêts à secourir toutes les victimes, à agir pour sauver l’humanité des nombreux désastres qui la menacent, tels le colibri et son offrande infime mais indispensable… Vraiment ?
Ne sommes-nous pas plutôt friands de ces « putaclics », ces appâts qui parsèment la toile, jusque sur les sites des quotidiens les plus sérieux, et à l’appel desquels nous cédons, alléchés par la découverte d’horreurs, de difformités, de disgrâces dont sont frappées des personnalités en vue ou des personnes anonymes ?
Attirés par les étoiles, par des « choses pas commerciales » qui répondent à nos désirs les plus généreux, ou par les trous noirs qui nous aspirent et comblent nos aspirations les plus sombres ?
Miroir, mon beau miroir, quel reflet dit la vérité ? Sauverons-nous le monde ou nous battrons-nous pour décrocher les meilleures places au spectacle de sa ruine ? Nous prend-on pour des cons ou démasque-t-on, par nos clics sur des posts puants, l’imposteur qui jamais ne sommeille en nous, toujours alerte, toujours prêt à médire et maudire ?
Éditos
Nouvelles

Marc
GUIOT
Métamorphose
Elle avait tout juste cinquante ans, le regard franc, la crinière léonine, une foultitude d’amants. Elle avait un corps élastique encore, une voix d’airain, de jolis seins coquins, une svelte descente de reins, un visage lisse et des fringues plein les armoires, son cœur pourtant était aux abonnés absents.

Axel
HOFFMAN
Protoplasme
Yan a une conception déroutante des prémices de la vie sur terre. Au début, son récit colle à peu près aux connaissances scientifiques actuelles: dans une soupe primitive d’atomes, des accrochages forment des molécules de plus en plus complexes, parmi elles certaines chaînes de carbone s’assemblent et arrivent à se reproduire, elles sont devenues vivantes.

Patrick
LOWIE
Portrait onirique de Jiddu Krishnamurti
Jiddu Krishnamurti, avec sa sagesse infinie, posa un regard bienveillant sur moi, comme s’il reconnaissait en moi un compagnon de voyage sur le chemin de la connaissance de soi. Nos échanges, bien que fugaces dans le temps, résonnèrent dans mon cœur longtemps après que le rêve eut pris fin, laissant derrière moi une empreinte indélébile d’inspiration et de compréhension.

Annie
MASQUELIER
La Play-list
Depuis peu, Anne-Cécile est entrée en retraite; non qu’il s’agisse du terme cynégétique qui signifie qu’il faut rappeler ses chiens et les faire retirer. Il n’est pas question non plus de retraite spirituelle, d’une pause de quelques jours à l’écart de ce qui fait le quotidien, dans un endroit beau et reposant pour se retrouver et ralentir le rythme

Tuyêt-Nga
NGUYÊN
Le Titre
J’y ai repensé ce matin, en lisant les nouvelles sur mon ordinateur portable. Couchée avec les poules et réveillée avec les coqs, je le fais dans mon lit. Mon café que j’aurai préparé dans une main, mon ordi que j’aurai été chercher sur ma table de travail sur mes genoux, je me connecte aux journaux électroniques auprès desquels je m’informe.

Doris
SÉJOURNÉ
Lettre de l’autre monde
À la lueur de la lune, je t’écris pour te dire que le présent se meurt. C’est pour bientôt. Te souviens-tu de ce monologue dans La maman et la putain? Jean-Pierre Léaud, tassé sur une banquette sombre du café de Flore, prophétise: “Vous savez, le monde sera sauvé par les enfants, les soldats et les fous”.

Yves
WELLENS
Le Dernier coup de marteau
Jusque-là, les enchères, selon le jargon de la profession, avaient été “peu animées”. Il est vrai qu’il n’y avait pas eu à ce stade de pièces qui valaient de faire l’objet d’une dispute, et encore moins de pièce maîtresse; tout cela était un peu petit bras: et on s’accordait à dire que rien de transcendant n’était encore descendu dans la salle.
Images
Varias
Orgies, muses et romans posthumes
Il y a dans les romans posthumes une forte odeur d’absence. Ils sont habités par le vide de la mort. Que ce soit parce qu’ils sont restés inachevés au moment du décès de leur auteur, ou parce que l’auteur a choisi de les laisser dans le dossier des tentatives échouées. Dans les deux cas, au moment de la mort, ils doivent être achevés (éditer les inachevés est une façon de les terminer), se rapprocher du roman initialement souhaité, mais inexistant. C’est-à-dire, créer une fiction qui complète le fictif.









