L’édition actuelle est une aberration économique, écologique et littéraire. Un système concentré dans les mains de deux ou trois grands groupes pour lesquels un livre rapporte de l’argent même s’il ne se vend pas, puisqu’ils gagnent sur le papier, l’impression, les transports. Un système qui préfère détruire des livres invendus plutôt que de les trier. Un système où la durée moyenne de vie d’un livre est de 5 semaines, maximum. Un système où, chez les “grands éditeurs”, 70% des titres vendent moins de 1000 exemplaires, et 50%, moins de 500. 
Des plumes confirmées, qui ont déjà une œuvre reconnue et importante, perdent leur éditeur, parce qu’elles ne vendent plus assez — aujourd’hui, il faut être rentable sur chaque titre — ou parce qu’elles ne sont plus “à la mode”, qu’elles écrivent “trop littéraire”.
Des plumes débutantes ont de plus en plus de mal à trouver un éditeur professionnel, avec lequel elles pourront envisager une collaboration prolongée. Elles se retrouvent la proie d’éditeurs à compte d’auteur, ou plongées dans l’illusion épuisante de l’auto-édition.