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Publié le :

10 oct. 2025

Dernière mise à jour :

20 oct. 2025

par

Valentin

Sylvie Loignon à propos du Nu dans la taille de Yannick Kujawa

Une taille. On y abat le charbon ; on y cogne et racle la veine.

« Une taille. On y abat le charbon ; on y cogne et racle la veine », ce sont là les premiers mots du récit de Yannick Kujawa, Le Nu dans la taille, qui introduisent au monde d’en deçà, à ce monde souterrain de la mine - qu’il faut creuser et creuser encore pour en faire jaillir le trésor noir. À moins qu’on ne soit éblouis par la lumière de cette jeune femme, androgyne, Blanche, tout entière confondue dans un élan - vers quoi ? Comme une plongée dans le désir, étayé de nuit et de silence. Comme une remontée aux origines de l’art et à sa vertu de trace et d’aura (Blanche encore). Pourtant, celui qui trace et dessine, celui qui fait surgir le souvenir de Blanche et des enfants morts de travailler dans la mine, c’est Antoine - personnage en fuite, passant et admirateur des nuages, celui qui se sauve et qui veut sauver. Celui qui creuse le bois pour faire apparaître dans le blanc de la taille ce qui reste du regard, ce qui reste du désir. Dans ce récit aux allures de conte (on pense à Pascal Quignard), l’infime délicatesse dit la brutalité du monde et l’exploitation des êtres ; l’attention sensible, sensorielle, au monde se double d’un envers vertigineux : d’une inquiétude devant ce ciel silencieux - « on n’a rien pour le creuser » - ou devant ce vide qui fait vaciller le sol de nos vies.

Sylvie Loignon,

Professeur des universités, à Université de Pau et des pays de l'Adour

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