Philippe Leuckx à propos de La Comptine du temps

Vaste entreprise que d’oser traiter du temps multiple sur une très longue période (de l’ère glaciaire à nos jours) : telle est l’ambition de cette Comptine qui énumère, analyse, propose, suit les aventures, elles-mêmes polyvalentes, des êtres qui nichent dans les tréfonds des temps.

Sur le mode mythologique sans doute et, par le biais du poème en prose, laissant de larges blancs pour épouser mieux la « marche du temps », l’auteure entend privilégier la nature même de l’exploit d’être un homme, une femme au bout d’un très long périple, né sous les auspices des arbres (un hêtre se liant à l’argile d’un amour qui défie… le temps). Suivant les découvertes de la science, le récit de ces avancées, jusqu’à cet ADN qui nous identifie, doit beaucoup à la maîtrise que l’homme a acquise des lettres, de l’écriture, enfin de l’imprimerie.

De l’arbre au livre, il n’y a qu’un pas. Encore faut-il, pour se distinguer de la science, s’approprier de neufs matériaux qui puissent créer, inventer, séduire : c’est l’objet de la littérature, ses risques, sa gloire.

Cette Comptine rééditée (elle fut accueillie au Cormier, par l’excellent Verhesen), a le mérite de nous montrer à vif la généalogie dont nous sommes issus, passant de temps à temps pour vivre, survivre, créer...

Philippe Leuckx